Point de presse
du Président de la HAMA, M. Abdéramane Barka Abdoulaye Doningar

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Mesdames, Messieurs les journalistes,Le Tchad, notre très cher pays, s’apprête à accueillir un grand événement pour son avenir. Je voudrais parler du Dialogue National Inclusif et Souverain, dont le démarrage des travaux est annoncé pour le 20 août prochain, à N’Djaména.Je profite de l’occasion pour féliciter tous ceux qui se sont investis pour l’organisation de ce grand rendez-vous des filles et fils du Tchad. Ces retrouvailles sont décidées par le Président du Conseil Militaire de Transition, Président de la République, Chef de l’Etat, le Général Mahamat Idriss Déby Itno, pour définir la refondation de la Nation tchadienne. Prions Dieu que des débats puissent sortir des résolutions et recommandations qui seront exécutoires, conformément aux aspirations des populations tchadiennes. Aussi, agissons-nous tous pour que ces conclusions puissent être une référence à la hauteur des attentes des filles et fils du Tchad, ce pays berceau de l’humanité ! Il ne me serait pas superflu de rappeler le rôle que doivent jouer les médias tchadiens pour porter à l’attention du public les débats et les conclusions du Dialogue National Inclusif et Souverain, dont la réussite dépendra de la responsabilité et du professionnalisme de chaque médium. Effectivement, les médias ont l’obligation de transmettre fidèlement au peuple tchadien les informations pour son engagement à l’édification d’un Tchad nouveau, de paix, de solidarité et de concorde nationale. Malheureusement, que constatons-nous ? Le paysage médiatique tchadien, constitué théoriquement de 54 journaux, 33 organes de presse en ligne, 72 radios et 6 télévisions, est truffé d’organes évoluant à contre-courant des textes qui régissent la profession. Ce qui semble ne pas donner toutes les garanties nécessaires pour une meilleure couverture de l’événement.En effet, beaucoup d’acteurs du secteur tchadien des médias, notamment privés, exercent en marge de la loi et du Code d’éthique et de déontologie de la profession. Plus nombreux sont les journaux, organes de presse en ligne, radios et télévisions qui fonctionnent sans documents administratifs appropriés, et d’autres qui en ont mais ne sont pas à jour. Quelques-uns utilisent des subterfuges pour tromper la vigilance de l’autorité de régulation. N’ayant pas de directeurs et rédacteurs en Chef qu’exige la loi, certains promoteurs de médias usurpent de ces titres et s’érigent en professionnels. Ils font porter souvent ces titres à des diplômés en journalisme qui ne travaillent même pas dans leurs médias. Par ailleurs, la plupart des organes de presse en ligne, après avoir obtenu leur déclaration de parution, publient leurs informations dans des pages Facebook, au lieu de les diffuser à travers des sites web dédiés à cet effet. Bien d’autres exploitent le même réseau social en tant qu’organes de presse en ligne, sans déclaration de parution. Quelques journaux effectuent leur publication à partir d’autres villes que celles où ils ont obtenu leurs récépissés. La majorité des organes de presse en ligne ne renouvelle pas ses contenus rédactionnels. D’autres, par contre, diffusent, en parallèle, des vidéos par le canal d’internet, avec des contenus complètements distincts, sans autorisation pour cette nouvelle forme de télévision numérique. Pis encore, nous avons même découvert un organe de presse en ligne travaillant avec l’indicatif téléphonique national, sans avoir été déclaré ni avoir une présence réelle au Tchad, et s’attaquant spécialement à des personnes physiques et morales dans le pays. Je profite de l’occasion pour attirer l’attention des imprimeurs que l’inexistence d’Ours et les fausses déclarations des nombres d’exemplaires par les journaux qu’ils impriment sont constitutives d’infractions prévues et punies par la loi portant régime de presse et media électronique au Tchad.D’autre part, une génération d’acteurs de médias, connus par l’appellation « Journalistes d’Intervention Rapide (JIR) », usurpant du titre de journaliste, se transforment en maîtres chanteurs et racketeurs. Des responsables et promoteurs de médias, prêts à tout pour l’argent, trouvent dans cet imbroglio un terreau fertile à leur propagation, au point même de se constituer en réseaux et autres groupes de revendication. Entretemps, la Radiodiffusion Nationale Tchadienne (RNT), un média de l’Office National des Médias Audiovisuels (ONAMA), devant faire vivre ce grand événement au public le plus reculé du territoire national, connaît de sérieuses difficultés. Son émetteur ondes coutres est à l’arrêt et ses stations provinciales sont constamment en rupture d’énergie, notamment pour manque de carburant. Pour prévenir les éventuels effets néfastes de toutes ces distorsions sur le Tchad en prélude du Dialogue National Inclusif et Souverain ainsi que pour assainir l’environnement de l’exercice de la profession du journaliste et garantir le droit du public à l’information, la Haute Autorité des Media et de l’Audiovisuel (HAMA) appelle les organes de presse au professionnalisme. C’est à juste titre que la HAMA avait multiplié des sessions extraordinaires de la Commission Nationale de la Carte d’Identité du Journaliste Professionnel (CNCIJP), pour permettre aux nombreux candidats ayant déposé leurs dossiers d’accéder à leurs cartes. Plus 400 journalistes sont, désormais, immatriculés auprès de la commission. Dans la même lancée, la HAMA a mis à la disposition des journaux, organes de presse en ligne, radios et télévisions, des formulaires de renseignement à remplir et à retourner, avec leurs documents administratifs et diplômes afférents, en vue de la constitution d’une base de données fiable des médias tchadiens d’existence légale. Force est de constater que certains médias ont pris en mal cette initiative et organisent des agitations qui ne sont pas de nature à amener la HAMA à interrompre ce processus d’assainissement du milieu de la presse tchadienne.Je rappelle, au passage, que les règles actuelles ayant, par exemple, ouvert la qualité de journaliste professionnel à tout détenteur d’un diplôme de l’enseignement supérieur qui exerce la profession, tout en réservant l’accès aux postes de directeur du média et de rédacteur en Chef aux seuls diplômés en journalisme de niveau Bac+3 au moins, sont décidées par les Etats Généraux de la Communication au Tchad de mai 2009, avant d’être reprises dans les lois régissant le secteur des médias. J’invite ainsi les jeunes journalistes de formation ayant commencé, en réplique à certaines agitations, à se mobiliser pour la limitation de l’exercice de la profession aux seuls journalistes formés à cet effet, à s’en remettre aux résolutions et recommandations de ces Etats Généraux de la Communication, qui nous servent encore de repères.Pour renforcer l’engagement à la responsabilité sociale du journaliste et des médias, la Haute Autorité des Media et de l’Audiovisuel s’engage à mener des plaidoyers auprès des hautes autorités pour l’augmentation substantielle de l’aide à la presse ainsi que de sa régularité. Des sessions de formation seront organisées pour renforcer les capacités des journalistes afin d’évoluer progressivement vers l’autorégulation pour alléger le travail de l’instance de régulation des médias, avec la croissance rapide du nombre des organes de presse. Dans l’accompagnement de la presse au succès du Dialogue National Inclusif et Souverain et une meilleure exécution de ses résolutions et recommandations, j’en appelle aux journalistes et aux médias à une couverture professionnelle, aussi bien durant cette période du dialogue que pendant et après. Je voudrais, pour finir, rappeler, de manière claire et définitive, qu’il ne revient pas au journalisme de s’adapter aux vœux et desseins de ceux qui l’intègrent, mais qu’il est plutôt du devoir de ceux qui embrassent le métier de se conformer aux règles de son exercice professionnel.Je vous remercie!


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